Ken Prepin
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Comment évolue l’imitation au cours du développement humain ?

Extrait de : Prepin K. (2008) Développement et modélisation d’interaction homme-robots : l’imitation comme modèle de communication. Thèse de doctorat.

Problème de la mesure de l’évolution de l’imitation au cours du développement : on observe des changements en fréquence et en qualité, mais ces changements dépendent énormément des conditions expérimentales (cadre qui incite à l’imitation ou non : cadre familier ou non). Ces effets, notament liés à l’influence du lien socio-émotionnel avec le modèle, pourraient être schématisés sur nos trois axes comme le fait qu’un cadre expérimental particulier « déplace » le type d’imitation que le sujet est susceptible de faire vers différentes régions de notre espace. Par exemple, un cadre familier facilite l’imitation dont le but est la communication et donc si le cadre se prête de plus à la communication par l’imitation (ex : objets en double exemplaires) l’imitation est facilitée.

En fait si l’on retient la caractéristique commune à ces formes d’imitations, « toute réalisation motrice ou verbale d’actes ou de sons spécifiques qui s’apparentent à ceux réalisés antérieurement par un modèle » [Yando78], alors les autres caractéristiques de l’imitation telles que celles décrites dans « Qu’entend-on par imitation ? » sont essentiellement liées au développement de l’enfant.

  • Imitation néonatale.
  • A six mois possibilité d’imitation d’une protrusion de la langue mais incapacité à imiter une action nouvelle concernant une partie même visible du corps.
  • Deuxième moitié de la première année : premières imitations d’action non connues (début de l’apprentissage par observation ?), premières imitations d’actions en fonction de leur but (mais attention, problème de la manipulation d’objets), premières imitations d’actions dirigées vers des objets (n’est ce pas en fait une seule et même évolution).
  • Début de la deuxième année : imitation d’action plus complexes, de séquences d’actions.
  • Apparition d’imitations différées.
  • Apparition de jeux implicant des représentations après 15 mois. Entre 21 et 24 mois, plus forte progression dans les jeux symboliques et les imitations différées (imitations différées rares avant 2 ans). (stade VI)
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Imitation Et Developpement
Au cours du développement, les types d’imitation se diversifient et se complexifient sans toutefois mettre de côté les fonctionnalités antérieures. 1436 × 821 pixels 6 novembre 2007

L’imitation synchrone d’actions déjà connues qui a cours dès la naissance est transitoire, elle disparaît avec l’acquisition du langage, mais elle n’en est pas moins décisive, en effet c’est un élément fondamental de l’ancrage dans le monde social, de l’apprentissage des règles sociales [Nadel06].

C’est un moyen minimaliste : l’attention conjointe est sur l’action, la modalité d’interaction est partagée, la synchronie est parfaite, le tour des rôle est présent, elle est présente dès la naissance.

Dès la naissance le bébé est capable d’interaction avec son entourage social. Cette précocité nous assure de l’absence de protocole appris au cours de ces interactions et en font donc un modèle d’interaction intuitive. Le nouveau né est équipé pour interagir avec le monde physique : attiré par le mouvement, recherchant la nouveauté, discrimine ce qui lui est propre de ce qui lui est extérieur, capable d’apprendre des relations entre ses actions et ses perceptions. Mais il est aussi et spécifiquement équipé pour interagir avec le monde social : attiré par les patterns de visage, attiré par le mouvement biologique, reconnaissant les visages, attiré par la parole, capable de détecter des relations fines entre ses propres actions et ses perceptions.

Ainsi, utiliser l’imitation permet de s’affranchir des représentations symboliques, de la théorie de l’esprit et de voir la communication comme un couplage de systèmes dynamiques, où chaque agent est un système dynamique qui se constuit dans l’action grâce à des boucles perception-action et la communication se construit par la rencontre de deux agents qui en agissant et percevant constituent un système plus large, dont la dynamique émerge des dynamiques propres à ses parties en étant à la fois totalement inédite pour chacune de ces parties et partagée par chacune de ces parties.


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